Enjeux sur les herbivores

La végétation change avec le changement climatique, aussi bien en composition - colonisation de la forêt et de la lande, qu’en saisonnalité - démarrage et pic de productivité végétal de plus en plus précoces. La question à l’étude pour l’avenir des espèces, dont les grands herbivores ou le lièvre variable, est donc de savoir s’ils resteront “synchronisés” avec leur milieu dans le temps et dans l’espace.

Indicateur d’abondance relative

L’indice d’abondance relative exprime ici la fréquentation d’un milieu (forêt, lande, pelouse) par chaque espèce par mois.

Description de l’indicateur

Pourquoi cet indicateur ?

Il s’agit de mesurer en continu sur les mêmes sites le nombre de fois où les animaux d’une espèce donnée sont observés (le “taux de contact”).

Cette mesure permet de définir un “indice d’abondance relative” de chaque espèce en fonction de la saison et des milieux. En effet, la fréquentation des milieux par les principales espèces de mammifères, notamment les grands herbivores, varie en fonction des saisons et selon l’altitude. Suivre la fréquentation par les herbivores des différents milieux du massif du Mont-Blanc (forêt, lande, pelouse) permet donc de comprendre plus finement les déplacements des animaux en fonction des conditions du milieu, lui-même soumis à des pressions comme le changement climatique.Cet indicateur croisé avec d’autres données, climatiques, de fréquentation humaine, écologiques… permettra d’affiner notre compréhension du fonctionnement et de l’évolution de ces espèces.

Comment l'interpréter ?

L'indicateur n’est présenté ici que pour l’année 2019 en attendant la collecte des images des années suivantes.

Au cours de cette année 2019, on peut donc observer que chaque espèce fréquente les 3 milieux différemment : le chevreuil étant principalement contacté en forêt toute l’année ; le cerf étant contacté en forêt toute l’année et en lande en été et automne, alors que le chamois lui a été contacté dans tous les milieux tout au long de l’année. Le chamois étant l’espèce la plus fréquemment contactée.

Des herbivores à tous les étapes ➞

Quant au lièvre variable, il profite de cette mosaïque de végétation et évite les landes hautes avec beaucoup d’arbustes.

La fable du lièvre et du lièvre ➞

Comment est-il calculé ?

L’indice d’abondance relative correspond au nombre de photo-contacts d’une espèce obtenus par des pièges photos dans un temps donné divisé par le nombre de jours où l’appareil est actif pendant ce même laps de temps (ici le mois). Il correspond donc au taux de contacts par mois.

Par exemple, si un chamois a été détecté 21 fois en juin 2019 par le piège photo “Peclerey Nord 2200m”. Ce piège photo a été actif 30 jours sur ce même mois de juin. L’indice d’abondance relative du chamois est donc de 0,7 sur cette période. La moyenne des taux de contact de chaque appareil est ensuite calculée par milieu.

Quelles sont les limites d'interprétation de l'indicateur ?

Le nombre de caméras installées est encore insuffisant pour représenter statistiquement le territoire du Mont-Blanc.

Bien que l’indice d’abondance relative soit largement utilisé, les résultats doivent donc être interprétés avec précaution pour ne pas en déduire simplement l’abondance d’une espèce ou sa probabilité d’occupation d’un site/d’un milieu. En effet, la détection des animaux varie d’une espèce à l’autre (en fonction de son comportement, sa corpulence…), en fonction du milieu (ouvert ou dense en végétation), mais également en fonction des saisons (présence de neige, perte des feuilles…). Ces paramètres pourront être estimés et pris en compte grâce à l’accumulation de données avec les années dans le cadre de ce programme lancé sur le long terme.

A quelle fréquence ?

La collecte des données se fait semestriellement, l’indicateur est donc mis à jour à cette fréquence.

Depuis quand est-il calculé ?

Août 2018

Protocole d’acquisition des données

Un dispositif des pièges photos est installé depuis l’été 2018 sur 3 transects d’altitude du territoire de la Communauté de communes de la vallée de Chamonix (secteurs Loriaz, Peclerey, Plan de l’Aiguille/gare des Glaciers) entre 1300m et 2500m tous les 200 m de dénivelé. Chaque transect est dédoublé afin d’avoir à chaque palier 2 pièges photos disposés à la même altitude, dans le même milieu et sur le même versant mais chacun espacé d’au moins 500 m de distance afin de limiter les comptages multiples des mêmes animaux. Ces appareils sont en fonctionnement jour et nuit toute l’année (sauf panne). Les pièges-photos sont disposés sur les placettes permanentes de suivi à long terme des écosystèmes selon le dispositif ORCHAMP.

Chaque appareil prend 3 photos à chaque détection de mouvement de jour comme de nuit. Les appareils sont fixés sur les arbres en forêt ou sur les rochers en milieu ouvert. Afin de déterminer le taux de contact de chaque espèce, 3 modes de classification des images sont réalisées :

1/ La détection des animaux dans les images et la détermination des espèces est réalisée manuellement par un expert du CREA. Sur 150 000 images prises en moyenne par an, environ 1/3 contiennent des animaux, ce qui représente 7000 contacts d’animaux par an (en ne comptant qu’un contact pour les espèces photographiées plusieurs fois dans une même séquence de 5 min) 2/ La classification des images avec ou sans animaux est réalisée par machine learning (reconnaissance par un algorithme en cours d’élaboration) 3/ La détermination des espèces et leur comportement est déterminé par des bénévoles via le projet Wild Mont-Blanc sur une plateforme collaborative.

En parallèle de la mesure de la fréquentation des animaux, une photo est prise par jour à heure fixe par chaque camera permettant d’analyser l’évolution saisonnière de chaque site (enneigement, développement de la végétation, température).

Voir l'indicateur en lien ➞

Carte

Carte de l'emplacement des pièges photos

Références

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